Delphine Garcia est une marcheuse invétérée, passionnée, quotidienne. L’usagère des deux pieds précise en passant qu’ «en dix-huitans de vie à Lormont, il ne m’est rien arrivé». À bon entendeur, volontiers encore condescendant et effrayé par tout ce qu’il se passe après la place Stalingrad, t’as le salut de la rive droite. Et de son parc des Coteaux, écharpe verte enveloppant aujourd’hui, aux côtés des chartreuses XVIIIe, équipements sportifs et culturels, jardins publics. Quelque 500 hectares accessibles à tous avec, au pied des tours...
Delphine Garcia est une marcheuse invétérée, passionnée, quotidienne. L’usagère des deux pieds précise en passant qu’ «en dix-huitans de vie à Lormont, il ne m’est rien arrivé». À bon entendeur, volontiers encore condescendant et effrayé par tout ce qu’il se passe après la place Stalingrad, t’as le salut de la rive droite. Et de son parc des Coteaux, écharpe verte enveloppant aujourd’hui, aux côtés des chartreuses XVIIIe, équipements sportifs et culturels, jardins publics. Quelque 500 hectares accessibles à tous avec, au pied des tours, des belvédères sur fleuve et rive gauche.
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Avec 25 km de randonnée dans le parc des coteaux, le Fil vert s’affirme. À découvrir à moins d’1 km de chez soi, confinement oblige.
«J’aime ce mélange de ville, de quartiers et de nature», explique l’illustratrice qui vient de sortir un «carnet de déambulation urbaine dans le parc des Coteaux» ou 120 pages de dessins, anecdotes, informations et rencontres au fil du Fil vert. De la plaine du Faisan à Carbon-Blanc à la forêt de la Burthe à Floirac, 25km d’un itinéraire serpentant sans rupture ou presque sur les cinq communes du parc des Coteaux (1).
Un œil, une oreille
Delphine Garcia a poussé à Brest jusqu’au bac Arts appliqués, puis a fait un saut à Quimper pour un BTS en communication visuelle. Au bout de quatre ans d’agence de com’ à Paris, l’envie de vraie vie. «On a eu le coup de cœur pour Bordeaux. Mon mari a trouvé un travail à Cenon, on a découvert la rive droite et ses clichés injustes.» Nous sommes en 2006 et sous la houlette du Grand Projet des Villes Rive droite, groupement public d’ingénierie accompagnant la rénovation urbaine, le secteur se désenclave, s’affranchit des a priori et valorise ses atouts: la richesse de ses cultures, la jeunesse de sa population, son patrimoine naturel.
«J’aime ce mélange de ville, de quartiers et de nature»
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Initié en 2003 par le Grand projet des villes (GPV) de Bassens, Cenon, Floirac et Lormont, le parc des Coteaux, avec ses 250hectares d’espaces publics, est devenu un emblème écologique de la rive droite
Indépendante, l’illustratrice et graphiste se fait une clientèle d’agences, de collectivités (Lormont et ses affiches thématiques) mais aussi d’éditeurs d’albums jeunesse. Des associations aussi, comme Passage à l’art, collectif de la rive droite au public adulte mais surtout jeune autour la bande dessinée. Son festival «Faites des bulles» a lieu les 4 et 5mai à la Halle 47 de Floirac, soit dit en passant. Delphine Garcia intervient bientôt régulièrement en milieu scolaire pour l’asso qui lui passe commande: poser son œil d’artiste sur le Fil, avec la seule contrainte de parsemer la rando de portraits de gens qui vivent et font vivre le parc des Coteaux.
Rabya en son Beausite
«On m’en a indiqué certains, je n’ai pas eu de mal à trouver les autres», souligne la femme de 45ans. Patiemment, ville par ville, elle arpente, photographie, discute, rentre chez elle dessiner. De Séguinaud au Castel, de l’Ermitage au Cypressat, on croise des historiens de Bassens, un festival des Hauts de Garonne, un tailleur de pierre lormontais, un châtelain floiracais épatant à Sybirol. «Ma plus belle rencontre a sûrement été celle, par hasard, de Rabya, habitante éthiopienne de la cité Beausite à Lormont, passionnée par sa parcelle de jardins partagés», raconte Delphine. Un endroit comme beaucoup sur le Fil vert, insoupçonné et réjouissant.
On peut aimer le livre pour le trait fin et sensible, les visages et paysages regardés avec respect. Comme Suzanne, la sourcilleuse et généreuse bergère du troupeau de brebis assurant l’écopâturage du parc. On peut l’apprécier aussi pour la foule de renseignements sur les lieux, historiques ou actuels, un Rocher de Palmer emblématique, un passage sous le pont d’Aquitaine à Lormont, un refuge métropolitain au cœur de la Burthe à Floirac. Autant de raisons de randonner dans l’ouvrage, et surtout de partir à la découverte de ce Fil vert, qui lie nature, animaux et humains sur la rive droite.
(1) Entre Carbon-Blanc, Floirac, Bassens, Lormont et Cenon.«Fil vert, nature en ville. Carnet de déambulation dans le parc des Coteaux» de Delphine Garcia. Éditions Sud Ouest. 120 pages.15euros.
Un Fil vert devenu GR
La première étude sur l’aménagement du parc des Coteaux date de 2003. L’expression Fil vert, cheminement de Bassens à Floirac sans quitter la nature, de 2008 dans une étude des architectes Bouriette et Vaconsin. Durant deux décennies, les villes ont financé travaux et signalétique pour un itinéraire continu et sécurisé. Trois portions restent à boucler, deux à Floirac (Burthe et côté Cenon), une à Lormont (Haut-Carriet). En 2019, le Fil vert est devenu la partie rive droite du sentier de grande randonnée (GR) métropolitain, avec sa célèbre signalétique rouge et blanche.
